Le site d’Europos-Doura, découvert en 1920, a fait rapidement l’objet d’une exploration archéologique limitée dirigée par le Pr. Franz Cumont (1922-1923), puis d’importantes fouilles sous la direction du Pr. Mikhaïl Rostovtzeff (1928-1937). De 1927 à 1931, les travaux de terrain ont été conduits par l’architecte Maurice Pillet, dont une partie des archives (carnet de fouille et photographies), confiée à la Mission franco-syrienne d’Europos-Doura, est également disponible ici sur la bibliothèque numérique . Après l’abandon des recherches, peu avant la Seconde Guerre Mondiale, près de cinquante années s’écoulent avant que le sauvetage du site et la reprise des fouilles ne soient entrepris sous la direction de la Mission Franco-Syrienne depuis 1986. Malheureusement, les circonstances ont entraîné la suspension des travaux sur le site à partir de 2012.
Située à 30 km du célèbre site de Mari, et distante de 300 km de Palmyre, la cité antique d’Europos-Doura s’étend sur 50 hectares. Elle est protégée à l’Ouest par une muraille de pierre, longue d’un kilomètre, au Nord et au Sud par deux ravins profonds et, le long de l’Euphrate, par une falaise couronnée d’une citadelle, en partie effondrée. Le site témoigne de l’histoire agitée d’une ville dont la position est devenue stratégique aux confins de grands Empires. Fondation séleucide dont la citadelle a été installée vers 300 av. n. è. sur une forteresse de l’Âge du Bronze, elle devient une véritable cité hellénistique au IIe siècle av. n. è. Celle-ci passe ensuite durant trois siècles sous la domination parthe, puis romaine au IIe siècle de n. è. En 256, les Sassanides assiègent puis prennent la ville défendue par les Romains et en déportent la population. Le site est alors définitivement abandonné.
Place-forte militaire et cité cosmopolite où se mêlent Grecs, peuples sémitiques, Parthes et Romains, la ville offre, outre ses impressionnantes fortifications bien conservées, des vestiges d’édifices publics, religieux et domestiques tels que palais, bains, odéon et maisons. Elle témoigne aussi d’une grande diversité religieuse et culturelle, avec en particulier, pour la dernière période, une synagogue et une maison chrétienne célèbres pour leurs étonnantes peintures murales. Enfin, elle fournit les vestiges de l’un des rares camps de l’armée romaine installés à l’intérieur des murailles d’une ville antique.
Documentant plus de 25 années d’études, de fouilles et de découvertes mais aussi de sauvetage et de mise en valeur du site selon les méthodes de l’archéologie expérimentale, le riche corpus iconographique de la Mission Franco-Syrienne d’Europos-Doura, présenté ici, a pu être en grande partie inventorié, renseigné et numérisé grâce au financement de CollEx - Persée.