Fondée en 1898 à Saigon sous le nom de Mission archéologique d’Indochine, l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) est conçue dès l’origine comme étant une institution consacrée à la recherche sur le terrain en Asie.
A la suite des premières missions archéologiques menées dès les années 1860, l’EFEO mandate en 1900 le commandant Etienne Lunet de Lajonquière, Louis Finot et Henri Parmentier pour effectuer l’inventaire des monuments historiques au Cambodge. Cette mission se poursuit en 1907 après la rétrocession des territoires d’Angkor aux autorités coloniales par le royaume du Siam. Après plusieurs mois passés à Angkor à étudier l’organisation d’un service des antiquités cambodgiennes, Lunet de Lajonquière confirme la nécessité de créer un service spécial de conservation.
En décembre 1907, Jean Commaille est chargé des premiers travaux de débroussaillement du site. Au début de l’année 1908, Henri Parmentier, alors Chef du Service archéologique, établit avec lui le programme des travaux. Le poste de Conservateur d’Angkor est créé en mars 1908 bien que Jean Commaille ne soit officiellement nommé que par un arrêté du 14 juillet 1908. En dehors du poste de Conservateur, aucun document officiel ne fait état de la création d’une structure institutionnelle définie. L’histoire de la Conservation d’Angkor est ainsi indissociable de celle de ses Conservateurs et du contexte historique et politique dans lequel ils ont exercé leur activité.
Dans les premiers temps, Jean Commaille s'attache essentiellement au déblaiement des temples, une tâche rendue difficile par la végétation qui menace l’intégrité des temples. Peu à peu, se dégage une vision globale du site permettant de comprendre les enjeux liés à l’espace et à la disposition des temples. Les besoins archéologiques et scientifiques sont plus facilement identifiés et permettent autant le développement touristique que l’organisation du territoire avec la cartographie, la création de routes et la délimitation de terrains d’intervention. Le site d’Angkor devient rapidement le symbole de l’action culturelle de la France en Indochine et une étape privilégiée des visites officielles dirigées par le Conservateur.
Le 9 novembre 1953, le Cambodge accède à indépendance. Dès lors, l’EFEO est mandatée par le gouvernement cambodgien pour l’exploration et l’étude du site d’Angkor. A partir de cette date, les documents portent souvent le double en-tête de la Conservation d'Angkor et du ministère Khmer de la culture.
Avec la nomination de Bernard Philippe Groslier en 1960, la Conservation d’Angkor se modernise et se développe grâce à la construction de réserves, d’un laboratoire d’analyse et d’ateliers de restauration. A la fin des années 1960 et au début de la guerre civile au Cambodge, Angkor garde son prestige symbolique. L’EFEO négocie pour faire du site une zone franche et pour que les chantiers de restauration continuent de fonctionner. Les chantiers sur lesquels travaillent les ouvriers de la Conservation, rattachés au gouvernement de Phnom Penh et à l’EFEO, sont situés dans la zone adverse. Une trêve bi-hebdomadaire est alors organisée afin de permettre au Conservateur de visiter les chantiers. Entre 1970 et 1972, face à l'intensification du conflit, le fonds de la Conservation d’Angkor est rapatrié en France dans des conditions difficiles. En 1973, la Conservation d’Angkor est contrainte de cesser ses activités.
Les documents numérisés ici se répartissent de la manière suivante :
Les rapports de fouilles, aussi appelés rapports sur les travaux exécutés dans le Parc d'Angkor ou RCA : ils informent la direction de l’EFEO et le gouvernement du Cambodge des travaux et recherches en cours. Mensuels jusqu’en 1960, ils comportent parfois des synthèses trimestrielles, semestrielles ou annuelles. Après 1960, et jusqu’en 1973, ils deviennent annuels mais peuvent être doublés de rapports intermédiaires ou thématiques. Ils sont manuscrits jusqu’en 1927 puis dactylographiés. En 1960, à l'initiative de Bernard Philippe Groslier, la copie tapuscrite de certains rapports est entreprise. On retrouve donc pour plusieurs années un exemplaire manuscrit accompagné d'un ou deux exemplaires dactylographiés contemporains, puis deux ou trois exemplaires dactylographiés plus tardivement
Les journaux de fouilles, aussi appelés JFCA : il s’agit des journaux dans lesquels les conservateurs qui se sont succédé entre 1908 et 1955 ont noté jour après jour les activités et événements marquants de la Conservation d’Angkor : travaux, découvertes, visites, etc.
Les fiches d’inventaire du Dépôt de la Conservation d’Angkor où étaient entreposés les objets trouvés lors des dégagements et fouilles du site d’Angkor et ceux provenant de découvertes fortuites ou de saisies. Lors de leur entrée au dépôt, chaque pièce se voyait attribuer un numéro d’inventaire. La plupart des pièces ainsi enregistrées sont restées à Siem Reap, d’autres furent attribuées au musée de Phnom Penh ou, dans les années 1930, au musée Guimet. Jusqu’en 1945, les pièces d’importance secondaire purent être déclassées pour être vendues sur le marché libre par les soins de la Conservation. Enfin, l’inventaire du dépôt englobait également des objets laissés in situ (dont les plus importants furent mis à l'abri dans les locaux de la Conservation en 1970 et 1973).