Amore dei : dire, revendiquer et vivre la pauvreté au XVe siècleune étude des pétitions et suppliques à San Severino Marche et Macerata (1440-1470)
À propos
Thèse non numérisée. Résumé : La voix du pauvre a toujours été difficile d’accès pour l’historien. Malgré les filtres, les requêtes adressées aux communes italiennes au Moyen Âge tardif dévoilent derrière le terme pauvre une subjectivité. Ces autoportraits font jaillir de la masse de l’indigence des profils très divers. Les visages du dénuement sont familiers, la pauvreté laborieuse y a sa place à côté des groupes traditionnels de veuves et d’orphelins. Le lexique de la pauvreté est précis mais ne suffit pas à fonder une conscience de groupe chez des personnes si différentes : seul l’aiguillon du manque les réunit. Au-delà des catégories, l’identité sexuelle établit une autre divergence dans la manière de vivre la pauvreté. Fondé sur l’autorité masculine, le régime de genre accorde à l’homme une responsabilité lourde de conséquence quand le dénuement le frappe. Impuissant à remplir ses devoirs, son indigence est honteuse. La femme, légitime à la faiblesse, présente une forte conscience de ses droits lorsque le veuvage l’appauvrit. Car si les requérants sont des pauvres secourus, ce dialogue les dévoile en individus agissants, capables de mobiliser les normes. Leur rhétorique est adaptée à leur demande et à leurs interlocuteurs, déployant parfois un raisonnement revendicatif qui ébauche l’idée d’un droit à être secouru. Dans ce jeu de miroir entre requêtes et réponses de l’autorité communale se dégagent les droits et les devoirs de chacun. L’idéologie communale est réaffirmée par les deux partis et par elle la suprématie de la communauté sur l’individu. Si la solidarité apparaît comme nécessaire à la cohésion de la collectivité, ses membres y ont droit parce qu’ils sont prêts à lui être sacrifiés.